Pour contrer l’espionnage mis en place par la NSA et son outil Prism, un chercheur Français lance Peersm : des échanges de fichiers de manière anonyme. Aymeric Vitte est un chercheur en informatique, ancien élève ingénieur à Telecom Paris, ce natif d’Aix en Provence, a travaillé pour Alcatel. Spécialiste du GSM, il a géré un grand nombre de projets en Amérique du Sud. Il a mis en place, par exemple, le premier réseau GSM au Brésil et travaillé sur des projets « Satellite » comme GlobalStar. Aujourd’hui il développe des solutions informatiques pour les entreprises et les professions libérales.
En parallèle, l’homme contribue régulièrement à W3C/WHATWG/TC39 et il est membre du groupe de travail WebCrypto W3C. Parmi ses projets personnels, Peersm, une idée dingue mais terriblement prometteuse : permettre l’échange de fichier sans aucune possibilité de traçage. Un anti Prism qui devrait voir arriver sa première application dans les semaines à venir.
Les points communs de tous ces projets est que la technologie est à l’intérieur du navigateur. Vous n’avez pas besoin d’installer quoi que ce soit. Tout est basé sur une mise en œuvre javascript du protocole Tor. Bref, des échanges de fichiers de manière anonyme et bases de données distribuées dans les navigateurs, sans rien installer puisque l’application anonymisante est une appli js. Interview !
DataSecurityBreach.fr – Parlez nous de votre projet. Pourquoi Peersm ?
Aymeric Vitte – Peersm versus Prism en inversant le r, d’où le nom, difficile de trouver un nom de domaine avec ‘peer’ ou ‘peers’ dedans, j’ai finalement trouvé Peersm, le contraire de Prism.
DataSecurityBreach.fr – Pourquoi cette idée ?
Aymeric Vitte – Pour échanger des fichiers sans passer par des tiers et en contournant d’éventuelles oreilles indiscrètes, avec tout dans le navigateur, pour ne pas avoir à installer quoique ce soit et éviter des applis pseudo anonymisantes ou sécurisantes genre VPN ou autres, j’explique sur le site pourquoi on peut avoir confiance. Il y a beaucoup de cas d’utilisation, bons ou mauvais, le jugement étant laissé à l’appréciation de chacun (sachant qu’on ne tient pas du tout aux utilisations criminelles, pédo et autres, d’où le fait que ce soit modestement payant si ça peut aider à éviter ces dérives), cas d’utilisation vécu: au cours d’une réunion de famille où j’ai passé deux heures à expliquer à tout le monde les fondements d’iAnonym (souviens toi : tracking, collusion, vie privée, anonymité, etc ), le soir même un proche met toutes les photos sur un site pour qu’on les télécharge… no comment… c’est exactement ce qu’il faut éviter de faire et que j’ai passé l’après midi à expliquer
DataSecurityBreach.fr – Comment fonctionne-t-elle ?
Aymeric Vitte – L’innovation encore une fois est de tout avoir dans les navigateurs et de partager les données entre peers dans les navigateurs. 1,5 Milliards de navigateurs dans le monde, imaginez ce que l’on peut faire…. L’idée n’est pas notre exclusivité pour la base de données distribuée, je donne des exemples d’autres projets sur le site. L’OP js Tor dans le navigateur qui se connecte à Tor via les WebSockets est lui notre exclusivité.
DataSecurityBreach.fr – Qu’est ce qui garantie la sécurité des échanges ?
Aymeric Vitte – Personne ne sait qui parle à qui et ce qui est échangé, on peut aussi crypter ses données si vraiment on n’a pas confiance en ce que fait l’ORDB. Ca ressemble un peu à MEGA sur ces aspects.
DataSecurityBreach.fr – Evolution du projet ?
Aymeric Vitte – Une version bétâ bientôt avec de vrais utilisateurs/testeurs, on verra ensuite selon les avis/résultats (crowdfunding again ?). Pour l’instant je ne sais pas dire précisément combien un ORDB peut gérer d’utilisateurs.
DataSecurityBreach.fr – En cette période ou l’on voit la NSA partout, la sécurisation des échanges, une vraie problématique ?
Aymeric Vitte – Oui d’autant plus que l’on ne peut pas faire confiance à https/SSL/TLS.
DataSecurityBreach.fr – Vous avez expliqué comment utiliser WebRTC. Mais justement, pourquoi WebRTC ?
Aymeric Vitte – Parce que c’est ce dont tout le monde parle pour des échanges peer to peer directement dans les navigateurs et il y a plusieurs projets concernant les échanges de fichiers avec WebRTC, sur le site je tente de définir une architecture WebRTC qui pourrait fonctionner avec les concepts de Peersm, le schéma montre que ce n’est pas possible, WebRTC peut être sécurisé si les peers se connaissent et peuvent partager ou générer un secret, sachant que l’on sait toujours quand même qu’un peer se connecte (serveurs ICE STUN/TURN) ce qui est gênant. Maintenant l’avantage est une utilisation réellement peer to peer sans un serveur qui relaie les messages, comme les torrents, mais on en connait le prix : impossible de protéger sa vie privée et son anonymité.
http://www.peersm.com
Faille de sécurité dans iLnkP2P : 2 millions d’objets connectés sont affectés. Trois mois après la divulgation de cette faille, le correctif n’est toujours pas disponible.