DeathRing et CoolReaper, des portes cachées installées dans des téléphones Android. Ils ont pu toucher des millions d’utilisateurs.
Palo Alto Networks a révélé des informations sur une porte dérobée présente sur des millions de terminaux mobiles Android vendus par Coolpad, l’un des plus gros fabricants de Smartphones basé en Chine. Baptisée « CoolReaper », cette porte dérobée expose les utilisateurs à d’éventuels actes de malveillance et semblerait avoir été installée et conservée par Coolpad malgré les objections des clients.
Il arrive fréquemment que les fabricants d’équipements installent des logiciels sur le système d’exploitation mobile Android de Google pour doter les appareils Android de fonctionnalités et de possibilités de personnalisation supplémentaires. Certains opérateurs de téléphonie mobile installent même des applications permettant de recueillir des données sur les performances des appareils. Mais d’après l’analyse détaillée de l’Unité 42 – l’équipe d’analyse des menaces de Palo Alto Networks – CoolReaper ne se contenterait pas de collecter simplement des données d’utilisation de base. Son fonctionnement s’apparenterait davantage à celui d’une véritable porte dérobée permettant d’accéder aux appareils Coolpad. Coolpad semblerait également avoir modifié une version du système d’exploitation Android pour rendre cette porte dérobée quasi invisible pour les programmes d’antivirus.
Découvert par le chercheur Claud Xiao de Palo Alto Networks, CoolReaper a été identifié sur 24 modèles de téléphones vendus par Coolpad et pourrait, si l’on en croit les données commerciales de Coolpad accessibles au public, impacter plus de 10 millions d’utilisateurs.
« Il est naturel que les fabricants d’équipements sous Android préinstallent des logiciels qui offrent des fonctionnalités et permettent de maintenir leurs applications à jour. Mais la porte dérobée évoquée dans ce rapport dépasse le cadre que connaissent les utilisateurs : elle permet à Coolpad de prendre le contrôle complet des équipements affectés, de rendre le logiciel invisible pour les antivirus et expose les utilisateurs à la merci d’actes de malveillance. Nous encourageons vivement les millions d’utilisateurs Coolpad susceptibles d’être concernés par CoolReaper d’inspecter leurs appareils pour y rechercher l’éventuelle porte dérobée et prendre les mesures appropriées pour protéger leurs données. » – Ryan Olson, directeur de la recherche au sein de l’Unité 42 chez Palo Alto Networks
Contexte et effets de CoolReaper
L’intégralité des résultats de l’analyse de CoolReaper figure dans le rapport de l’Unité 42, « CoolReaper : The Coolpad Backdoor » préparé par Claud Xiao et Ryan Olson qui paraît aujourd’hui. Dans ce rapport, Palo Alto Networks publie également la liste des fichiers à vérifier sur les terminaux Coolpad susceptibles d’indiquer la présence de la porte dérobée CoolReaper. Comme l’ont observé les chercheurs, CoolReaper est capable d’effectuer chacune des tâches suivantes, avec un potentiel de dangerosité pour les données sensibles des utilisateurs ou des entreprises. Un pirate malintentionné pourrait par ailleurs exploiter une vulnérabilité découverte sur le système de contrôle (back-end) de CoolReaper.
CoolReaper est capable de télécharger, installer ou activer n’importe quelle application Android sans autorisation ou notification de l’utilisateur ; effacer des donnés utilisateur, désinstaller des applications existantes ou désactiver des applications système ; informer les utilisateurs d’une fausse mise à jour OTA (Over-The-Air) qui, au lieu de mettre à jour le terminal, installe des applications indésirables ; envoyer ou insérer des messages SMS ou MMS arbitraires sur le téléphone ; transmettre à un serveur Coolpad des informations concernant le terminal, sa localisation, l’utilisation des applications, l’historique des appels et des SMS.
Prise en compte par Coolpad
L’Unité 42 a commencé à observer ce que l’on a baptisé CoolReaper suite aux nombreuses réclamations publiées sur les forums Internet par des clients de Coolpad en Chine. Au mois de novembre, un chercheur qui travaillait avec le site Wooyun.org a identifié une vulnérabilité sur le système de contrôle back-end de CoolReaper. Cette découverte a permis de comprendre que Coolpad contrôlait lui-même le backdoor présent dans le logiciel. Un site d’information chinois, Aqniu.com, a par ailleurs signalé l’existence de la porte dérobée et ses pratiques abusives dans un article paru le 20 novembre 2014. Au 17 décembre 2014, Coolpad n’a toujours pas répondu aux nombreuses demandes d’assistance de Palo Alto Networks. Les informations de ce rapport ont également été transmises à l’équipe de sécurité Android de Google.
De son côté Lookout découvre un logiciel malveillant pré-chargé dans des smartphones. DeathRing est un cheval de Troie chinois, préinstallé sur toute une série de smartphones parmi les plus populaires en Asie et en Afrique. Bien que sa détection ne soit pas plus fréquente qu’un autre logiciel malveillant, nous le considérons menaçant, notamment de par sa présence sur les smartphones dès leur sortie d’usine, et car il a été détecté aux quatre coins de la planète.
Autre particularité de ce malware, sa méthode de distribution. Pour la seconde fois en 2014, c’est en pré-chargeant le malware directement dans la chaîne d’approvisionnement que DeathRing atteint sa cible. Nous n’arrivons pour le moment pas à déterminer à quelle étape de la chaîne d’approvisionnement DeathRing est installé sur les smartphones. Nous savons toutefois que, pour de nombreux portables, il est installé dans le répertoire système le rendant extrêmement difficile à éradiquer. Il n’est malheureusement pas possible aux prestataires de services de sécurité de supprimer ce logiciel malveillant car il est installé dans le répertoire système des portables.
Recommandations
· Vérifiez la provenance du téléphone que vous achetez.
· Téléchargez une application de sécurité comme celle de Lookout, qui sert de première ligne de défense pour votre portable. Si vous découvrez qu’un tel logiciel malveillant est pré-chargé sur votre portable, demandez à vous faire rembourser.
· Consultez régulièrement votre facture téléphonique afin de détecter les frais suspects.