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Les cyberattaques entraîneraient une augmentation des décès dans les hôpitaux

Les cyberattaques contre les établissements médicaux entraîneraient, selon des chercheurs, une probabilité d’augmentation du taux de mortalité des patients.

L’étude, menée par le Ponemon Institute, un groupe de réflexion à Washington, a interrogé plus de 600 professionnels des technologies de l’information de plus de 100 établissements de santé. Les résultats de l’étude fournissent la preuve la plus concrète à ce jour que le piratage persistant des centres médicaux américains entraîne une détérioration de la qualité des soins aux patients et une augmentation de la probabilité de leur décès.

Les deux tiers des personnes interrogées qui ont subi des attaques de rançongiciels ont déclaré que ces attaques perturbaient les soins aux patients. 59 % des personnes interrogées ont signalé une augmentation de la durée de séjour des patients à l’hôpital, ce qui a entraîné une surcharge des ressources. Près d’un quart ont déclaré que les attaques avaient entraîné une augmentation du nombre de décès dans leurs établissements.

Lors d’une attaque par rançongiciel, les pirates accèdent aux réseaux informatiques d’une organisation, les bloquent et exigent un paiement. Ces dernières années, ces piratages sont devenus un véritable désastre pour le secteur de la santé. Les hôpitaux ne signalent pas toujours les cas dont ils ont été victimes. Cependant, depuis 2018, le nombre d’attaques documentées a augmenté chaque année depuis 2018, atteignant 297 l’année dernière, selon une étude de Recorded Future.

Au cours des trois dernières années, plus de la moitié des organisations de soins de santé de l’enquête ont été infectées par des logiciels malveillants au cours des trois dernières années, selon une étude de Ponemon.

Les établissements de soins de santé vont des chaînes d’hôpitaux géants aux petites cliniques privées avec seulement quelques employés et peu ou pas de professionnels de l’informatique ou de la cybersécurité. Les dernières cyberattaques de Centres hospitaliers, en France, ont remis sur la table cette problématique sécuritaire.

Les grands réseaux hospitaliers peuvent avoir des spécialistes de la sécurité de l’information plus qualifiés, mais ces hôpitaux sont également des cibles plus importantes. Une attaque peut ralentir les soins aux patients dans des centaines d’hôpitaux à travers le pays, comme cela s’est produit lors de l’attaque de 2020 contre les services de santé universels.

« Mais il est clair depuis longtemps que les cyberattaques persistantes contre les hôpitaux font des ravages sur les patients »  indique Korman, vice-président de la société de cybersécurité Claroty.

« Nous savons que les retards d’assistance affectent le taux de mortalité, et nous savons que les cyberattaques causent des retards« , a déclaré le le Ponemon Institute.

Un centre hospitalier Belge malmené par une cyberattaque

Le Centre hospitalier Belge de la ville de Tournai impactée par une cyberattaque.

Le centre hospitalier Belge de Tournai, commune Belge à la frontière Franco-Belge, victime d’une attaque informatique qui a imposé à l’administration de l’entreprise de santé de stopper toutes ses opérations de soin non urgentes. Une cyberattaque qui ressemble à un ransomware, mais selon la communication interne, aucune demande de rançon n’aurait été réclamée.

80 des 300 serveurs informatiques du CH ont été impactés. Plus aucun accès aux données informatiques, imposant aux personnels de consulter les dossiers papiers. La communication indique aussi qu’aucun vol informatique n’a été constaté. Une centaine d’opérations a été annulée lundi. Etonnante cyberattaque ! L’intérêt des pirates ? Ne rien voler ? Ne pas demander d’argent ?

Voilà une action, mais ce n’est que mon expérience qui parle, que ce poker menteur risque de voir un perdant, les patients.

RGPD cas d’école : hôpital

Un logiciel malveillant a récemment touché plusieurs sites Web de l’hôpital de Floride. Certaines informations patients concernées.

« L’ampleur de cette exposition a été limitée et il a été confirmé qu’aucun dossier financier n’a été affecté » indique le communiqué de presse de l’hôpital de Floride. Une alerte lancée par l’hôpital de Floride à la suite du piratage de plusieurs de ses sites web : FloridaBariatric.com, FHOrthoInstitute.com et FHExecutiveHealth.com. Les espaces web ont été mis hors ligne le temps de la correction (et de l’enquête). Les informations des patients exposées sur FloridaBariatric.com comprennent les noms, les adresses mails, les numéros de téléphone, les dates de naissance, la taille, le poids, les compagnies d’assurance et les quatre derniers chiffres des numéros de sécurité sociale. Pour les deux autres sites, les informations compromises se limitent au nom, à l’adresse courriel, au numéro de téléphone et à à l’ensemble des commentaires fournis par l’individu. Bref, un ransomware activé après un clic malheureux sur un fichier joint !

L’hygiène informatique dans les hôpitaux, un enjeu de sécurité publique

La numérisation de la société et des services publics n’épargne pas les hôpitaux et autres institutions de soins. Mais depuis plusieurs mois, ces établissements sont la cible de pirates dont les attaques représentent un vrai danger pour l’intégrité de notre système de santé.

Hygiène informatique dans les hôpitaux – C’est un chiffre qui a de quoi étonner : en 2015, en France, 1300 attaques informatiques ont été dirigées contre des établissements de santé, hôpitaux inclus. A l’échelle quotidienne, le chiffre est encore plus saisissant avec une moyenne de 3 à 4 actions malveillantes par jour à l’encontre des systèmes informatiques (SI) de ces établissements. Et encore, on ne parle ici que des actes de piratage officiellement déclarés aux ministères des Affaires sociales et de la Santé. La discrétion observée dans le milieu ne laisse entrevoir que la partie émergée de l’iceberg. Pour des raisons de sécurité mais aussi de réputation…

Aujourd’hui, le bon fonctionnement d’un hôpital dépend toujours de l’organisation et des compétences de son personnel. Mais plus seulement ! Il dépend aussi des outils numériques utilisés à tous les étages. Tous ces équipements connectés qui constituent l’hôpital moderne, désigné officiellement par les pouvoirs publics comme l’hôpital numérique.

A l’accueil par exemple, c’est l’ordinateur qui permet de créer un dossier patient sur le système central de l’établissement. C’est la borne interactive destinée à orienter les visiteurs. En salle d’opération, ce sont les écrans d’aide à l’intervention chirurgicale, les moniteurs de suivi du patient.

Dans le stock de médicaments, ce sont les robots préparateurs en pharmacie. Dans les chambres, c’est le système de divertissement et d’informations médicales consultable par le patient sur tablette tactile.

C’est aussi le réseau Wi-Fi local qui permet au personnel de consulter les dossiers médicaux à partir de n’importe quelle pièce, de n’importe quel support, vers n’importe quelle source, interne ou externe…

15 000 euros de rançon
Chacun de ces appareils connectés à l’avantage de faire gagner du temps, de la précision, et de l’argent. Mais ils ont le principal défaut d’être le plus souvent reliés à un seul et même réseau. Pour des raisons de coût et de négligence…

Un caillou jeté dans cette vitrine technologique, et c’est le fonctionnement de tout l’établissement qui s’en trouve perturber. Le centre médical presbytérien d’Hollywood, aux États-Unis, en a fait l’amère expérience en février 2016.

Un ransomware, baptisé Locky, a été injecté dans le réseau de l’établissement, verrouillant l’accès aux serveurs et ordinateurs utilisés par le personnel. Moyennant une somme négociée à 15 000 euros avec les pirates à l’origine de cette paralysie, le centre a pu retrouver l’accès à son réseau.

En France, quelques semaines plus tard, c’est le centre hospitalier d’Épinal qui était la cible d’une attaque. Croyant recevoir un mail de son avocat, un médecin a cliqué sur la pièce jointe au message. Le geste a contaminé l’ensemble du réseau de l’hôpital. La direction de l’établissement est restée très évasive sur ce piratage, sans confirmer l’attaque du ransomware avancée par le site spécialisé Zataz.

Comme son nom l’indique, le ransomware, ou rançongiciel en français, a vocation à permettre de soutirer une rançon avant de redonner accès aux outils numériques d’un établissement. Où il est ici « seulement » question d’argent.

Mais l’attaque d’un hôpital peut provoquer plus de dégâts, encore hypothétiques aujourd’hui. Tout d’abord sur le matériel, comme l’a expérimenté le spécialiste en cybersécurité, Sergey Lozhkin.

Hygiène informatique dans les hôpitaux

Le vrai-faux pirate a réussi à prendre le contrôle du scanner médical d’un hôpital via le réseau interne wi-fi de l’établissement. Rien de malveillant dans l’intention. Juste la démonstration qu’aux commandes de la machine, il pouvait en dérégler les paramètres, jusqu’à provoquer une panne sur un outil précieux, tant du point de vue médical que financier.

Ce qui peut être fait sur un scanner, peut l’être tout autant sur une climatisation ou, pire, sur un appareil d’assistance branché sur un malade. Et dans ce cas, le changement des paramètres peut alors avoir des conséquences bien plus fatales…

Face à ces attaques, les hôpitaux et autres établissement de santé se donnent-ils pour autant la force d’agir et de réagir ? Oui, pour une grande majorité si l’on se réfère à l’Atlas 2016 des systèmes d’information hospitaliers (SIH). Selon ce rapport annuel délivré par la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), 88% des établissements de santé disent avoir engagé une politique de sécurité du système informatique, contre 74% l’année précédente. L’objectif imposé par l’Etat dans son programme Hôpital numérique est de 100% d’ici à 2018.

La sensibilisation du personnel à l’ Hygiène informatique

Mais reste à savoir quels moyens cela implique. Un chiffre relativise cette notion de politique de sécurité : seuls 8% des établissements ont un référent à temps complet. L’implication est plus importante pour les CHU et CHR, avec un Monsieur -ou une Madame- Sécurité SI à temps complet dans 42% des cas. Les autres mutualisent ou externalisent.

Quelle que soit la formule choisie, la politique de sécurité informatique d’un hôpital passe par la sensibilisation de son personnel. Car le point d’entrée le plus vulnérable d’un réseau, c’est bien l’humain. Sa méconnaissance des dangers, comme l’ouverture d’une pièce jointe dans un mail, peut conduire à la catastrophe. Ou l’affichage d’un mot de passe sur un bout de papier collé sur un bureau pour l’ensemble d’un service…

L’hygiène informatique en milieu hospitalier passe aussi par une évaluation de la solidité du réseau et des matériels connectés, des ordinateurs jusqu’à l’IRM. Par une protection anti-virus et l’utilisation de mots de passe complexes, pour accéder au réseau, puis à chacun des appareils connectés. Par une utilisation des derniers logiciels, et un suivi régulier de leurs mises à jour.

Tout comme les infections nosocomiales, les virus informatiques représentent une réelle menace pour les hôpitaux et autres établissements de santé. Ils n’ont donc d’autres choix, aujourd’hui et demain plus encore, que d’appliquer une politique d’hygiène informatique stricte. Il y va de la confidentialité de nos dossiers médicaux, mais aussi et surtout de l’intégrité du système de santé et de son bon fonctionnement au service du public. (Tanguy de Coatpont, directeur général de Kaspersky Lab France)