Aujourd’hui Internet est le principal vecteur de menaces pour l’entreprise, qu’il s’agisse de menaces massives ou ciblées. Cela concerne toutes les formes d’utilisation d’Internet, aussi bien les sites web classiques, l’Internet 2.0 avec des pages web dynamiques, les applications web et utilisant le Cloud, les réseaux sociaux etc…
L’usage d’Internet évolue avec les nouvelles technologies, les employés utilisent de plus en plus de solutions liées au Cloud, des applications web, des terminaux mobiles et même leur propre équipement informatique. L’Internet mobile représentait 40% des connexions à Internet selon la dernière étude de l’INSEE. Quelques soient ces évolutions et les suivantes, tous ces usages utilisent les flux Internet, et donc le vecteur de propagation des menaces ne change pas.
Toute entreprise devrait être en mesure de protéger ses actifs. Pour cela, elle se doit d’être capable d’analyser la totalité des flux transitant par Internet pour pouvoir bloquer les menaces connues et identifier les objets qui pourraient être des menaces inconnues. Elle doit donc pouvoir inspecter 100% du trafic.
L’accroissement du trafic chiffré
On constate une augmentation importante du volume des flux chiffrés sur Internet. On estime, en moyenne, que le trafic chiffré représente déjà entre 25 et 35% du trafic web entrant dans les entreprises. Hors si auparavant le trafic chiffré était à l’initiative de l’utilisateur qui souhaitait garantir la confidentialité de ses informations lorsqu’il se connectait à certains sites comme les sites bancaire, l’administration, un paiement en ligne… désormais ce n’est plus le cas. Le plus simple exemple est de taper l’adresse http://www.google.fr dans votre navigateur. Surprise, c’est l’adresse https://www.google.fr qui apparaîtra quand la page va s’afficher. C’est le serveur de Google qui a lancé le chiffrement de cette connexion, sans que vous l’ayez demandé.
Force est de constater que la majorité des sites et applications sur Internet chiffrent leur trafic sans que l’utilisateur en ai fait la demande. Et ce phénomène ne va aller qu’en s’accélérant. Pour preuve, Google a récemment annoncé qu’il référencerait mieux dans son moteur de recherche les sites utilisant un trafic chiffré. Quand on connait l’importance d’avoir un bon référencement dans le premier moteur de recherche du monde, on comprend aisément que la majorité des sites web vont accélérer leur passage au trafic chiffré ! Autre donnée qui va dans le même sens, le laboratoire indépendant NSS Labs estime que le trafic chiffré connait actuellement une croissance de 20% chaque année.
Même si l’utilisation du SSL est censée accroitre la sécurité des données qui transitent, cela pose un vrai problème pour les entreprises. Car dans ces 25 à 35% des flux Internet qui sont chiffrés, les outils de sécurité déployés par l’entreprise ne peuvent pas effectuer leurs missions correctement, quel que soit l’outil utilisé : un anti-virus, un IPS, du contrôle de contenu, un SIEM…
On estime que 80% des attaques complexes (APT – Advanced Persistent Threat) utilisent les connections SSL. La découverte de la faille HeartBleed a montrée au grand jour à quel point un problème sur le trafic chiffré pouvait toucher les entreprises. La grande majorité des entreprises ont dû prendre des dispositions suite à cette découverte.
Que doit faire l’entreprise pour garantir sa sécurité face à la croissance des flux chiffrés ?
Pour garantir le même niveau de sécurité, il faut que l’entreprise soit capable de déchiffrer les trafics SSL, et la technique existe depuis plusieurs années, le « Man in the Middle ». Cela n’est pas si simple à mettre en œuvre. D’abord, l’entreprise doit respecter les réglementations et donc elle doit mettre en place des politiques de déchiffrement, c’est-à-dire définir ce qui doit être déchiffré et ce qui ne doit pas l’être, avec la mise en place de catégories de sites, de type de profils d’utilisateurs etc… Il faut également que le processus de déchiffrement n’ai pas d’impact sur l’expérience utilisateur, hors cela consomme beaucoup de ressources de déchiffrer un flux Internet.
Une étude récente du NSS Labs (un test sur 7 firewalls de dernière génération) montre que l’impact sur le déchiffrement est double :
– En premier lieu cette opération entraine une diminution drastique de la capacité de traitement globale et une baisse des performances de 74% ! Et ces résultats ne concernent que les sites web utilisant une clé de chiffrement de 512 ou de 1024 bits. La chute des performances atteint 80% lorsque les clés de chiffrement utilisées sont de 2048 bits.
– Deuxièmement, l’étude constate également une diminution très important du nombre de transactions traitées par ces firewalls, pourtant de nouvelle génération, la baisse allant de 86,8% (avec des clés de 512 bits) jusqu’à 92.28% pour des clés de 2048 bits.
Il faut prévoir que cette baisse de performances va être accentuée dans les déploiements de l’infrastructure de sécurité « en silo » c’est à dire où chaque outils de sécurité fonctionne indépendamment.
Que faire ?
Dans un monde idéal, l’entreprise doit pouvoir bénéficier d’une technologie haute performance capable de d’effectuer du déchiffrement à haute vitesse (40 Gbits), sur laquelle l’entreprise sera en mesure de mettre en place une politique de déchiffrement basé sur le contexte (catégorie de site, provenance, destination, profil d’utilisateur…) et qui devra être en capacité d’alimenter différentes solutions de sécurité afin de garantir qu’une fois déchiffré, le trafic bénéficie du même niveau de contrôle que le trafic en clair. (Par Dominique Loiselet, Blue Coat)
déchiffrer les flux SSL? Non mais vous réalisez le truc? C’est du MITM institutionnalisé, et la vie privée des utilisateurs totalement sacrifiée!
Ce genre de chose ne peut que déclencher une course à l’échalote, des chiffrements différents vont apparaitre, qui seront encore plus difficiles à casser. Et je parie qu’ils apparaitront en premier chez les concepteurs d’intrusions.
Oui et non.
Si les données déchiffrées ne sont connues que de l’application, afin de vérifier que le contenu ne met pas en péril le business (que ce soit le Client ou l’Entreprise), par exemple une fuite d’information (numéro de CB, document classifié) ou programme malveillant, je pense que ça peut être justifié.
Après, si on exploite ces données à des fins de pister les utilisateurs, oui, c’est franchir la limite.