Les réglementations (loi de programmation militaire, RGPD…) et le besoin de confiance numérique ont incité les entreprises à développer une véritable culture du risque et à investir massivement dans des dispositifs de cybersécurité. Toutefois, si 100% des entreprises du CAC 40 agissent désormais en matière de cybersécurité, plaçant ainsi la France dans le peloton de tête des pays les plus actifs sur le sujet, la portée du risque sur l’activité des entreprises est encore sous-évaluée. Une réalité qui se constate aussi dans les innovations technologiques des entreprises, qui font souvent l’impasse sur la cybersécurité. C’est ce que révèle une étude du cabinet Wavestone sur les niveaux de maturité des entreprises dans le domaine de la cybersécurité. Pour cette nouvelle édition, les experts ont analysé les communications financières (notamment via leur rapport annuel et leur document de référence), publiés au 1er juin 2019, de 260 entreprises cotées dans le principal indice boursier des pays où Wavestone est présent : CAC 40, Dow Jones, FTSE 100, BEL20, SMI, HSI. Les résultats de cette étude unique donnent un aperçu du niveau de maturité déclaré des entreprises et de son évolution, sur différents aspects : implication des comités exécutifs, investissements en cybersécurité, RGPD…
Cybersécurité : Le CAC 40 progresse encore…
Pour évaluer le niveau de maturité des entreprises dans le domaine de la cybersécurité, les équipes du cabinet ont mis au point le financial communication cybermaturity index. Celui-ci permet d’évaluer les enjeux et les risques, la gouvernance et la réglementation, ainsi que les actions de protection mises en place dans les entreprises. Sur la base de cet index, les entreprises du CAC 40, qui étaient en dessous de la moyenne en 2017, progressent en 2018 (10,07/20 + 1,07 VS 2017).
Ainsi, ce sont 100 % des entreprises du CAC 40 qui mentionnent les enjeux de sécurité dans leur rapport annuel et qui se mobilisent sur le sujet de la protection des données personnelles (RGPD) (+42 points VS 2017). Ce sujet majeur pour les entreprises concerne désormais une majorité des comités exécutifs : 50% (+25 points VS 2017) des groupes du CAC 40 adressent la problématique de la cybersécurité au niveau du comité exécutif.
Une prise de conscience qui se constate aussi dans la nette progression de la prise de fonction de DPO (Data Protection Officer) dans les entreprises (52,5 % en 2018 VS 13% en 2017).
Plus encore qu’en 2017, les secteurs de la finance (14,77 % / +3,89 pts VS 2017) et des technologies de l’information (12,05% / +0,89 pts VS 2017) sont les locomotives du niveau de maturité des entreprises du CAC 40.
… et caracole en tête des entreprises les plus matures dans la prévention des cyber-risques dans le monde
Parmi les 260 entreprises analysées sur les 6 places de marché (CAC 40, Dow Jones, FTSE 100, BEL20, SMI, HSI), le CAC 40 se place dans le peloton de tête des entreprises les plus matures sur la prise en compte de la cybersécurité dans les communications financières (10,07/20), juste derrière les Etats-Unis (10,15/20).
Si la France et les Etats-Unis s’illustrent dans le secteur de la finance, c’est le secteur des technologies de l’information qui dominent au Royaume-Uni et en Belgique.
Les résultats dévoilent aussi des cultures et des pratiques différentes autour de la cybersécurité : c’est aux Etats-Unis que l’implication du COMEX sur les problématiques en lien avec la cybersécurité est le plus fréquemment citée dans les rapports d’activité des entreprises (83%), devant le Royaume-Uni (61%), la France et la Belgique (50%). D’autre part, avec 46% de mentions faites sur les niveaux d’investissements en matière de cybersécurité, le Royaume-Uni valorise les investissements via des programmes de cybersécurité, contre 30% à 35% en France et aux Etats-Unis et 15% en Belgique.
Avec l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données européen (RGPD), les entreprises françaises du CAC 40 mettent la Privacy à l’honneur, en affichant leurs ambitions sur la problématique dans l’ensemble de leurs rapports d’activité.
Alors que l’exemple français aurait pu susciter un éveil des autres pays européens sur la mise en place du RGPD, ce sont finalement les Etats-Unis (87%) qui se rapprochent de la France (100%) dans le domaine de la Privacy, suivis par la Belgique (75%) et le Royaume-Uni (71%).
Des investissements conséquents sur des programmes de cybersécurité, des actions en cybersécurité plus rares dans les technologies innovantes
Si les rapports d’activités font rarement mention des niveaux d’investissements engagés par les entreprises du CAC 40, le cabinet Wavestone a observé une augmentation des entreprises qui font état d’investissements conséquents dans des programmes de sécurité (35% / +22,5 pts VS 2017). Pourtant, dans le même temps, les entreprises font preuve d’un certain attentisme lorsqu’il s’agit d’investir dans des plans d’actions unitaires (45% en 2018 / – 35 pts VS 2017).
En témoignent aussi, des programmes d’innovation qui font toujours l’impasse sur la cybersécurité. En effet, alors que les projets liés à la 5G font leur apparition dans les entreprises du CAC 40, seul 1 projet fait le lien avec la cybersécurité. Une tendance qui se confirme aussi dans les domaines de l’IoT et de l’IA où seuls 2 chantiers sont liés à la cybersécurité, alors que le nombre de projets innovants ne cesse de croître dans ces domaines (58% pour l’IA / +12 pts VS 2017 – 45% pour l’IOT / +10 pts VS 2017). La cybersécurité reste toujours absente des projets dans le domaine de la Blockchain.
« Même si les résultats montrent une progression de la prise en compte de la cybersécurité, la France et le CAC40 restent en retrait sur la mobilisation effective des fonctions dirigeantes de l’entreprise. Alors que c’est une condition sine qua none au succès des programmes de cybersécurité ! », déclare Gérôme Billois, Partner cybersécurité et confiance numérique au sein de Wavestone.