Le rapport Global Risks Report 2019 du Forum économique mondial classe le vol de données et les cyberattaques parmi les cinq grands risques mondiaux qui risquent le plus de se concrétiser. La grande question qui se pose maintenant est de savoir comment les organisations vont réagir.
Les personnes sensibles devraient s’abstenir de lire le rapport annuel sur les risques mondiaux du Forum économique mondial. La 14e édition de ce rapport inclut une litanie de menaces existentielles, telles que les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles, qui pourraient considérablement perturber l’économie mondiale.
Cette année, les cinq principaux risques en termes de probabilité sont les phénomènes météorologiques extrêmes, l’échec de l’atténuation des changements climatiques et de l’adaptation à ceux-ci, les catastrophes naturelles, la fraude ou le vol de données et les cyberattaques.
En effet, la fraude et le vol de données et les cyberattaques sont deux des cinq principaux risques mondiaux les plus probables. En fait, c’est la troisième année consécutive que la fraude et le vol de données se classent parmi les cinq plus grandes menaces, et la deuxième année que la cyberattaque fait partie de la liste.
Le Global Risks Report 2019, créé en partenariat avec Marsh & McLennan Companies et The Zurich Group, est basé sur les résultats de l’enquête Global Risks Perceptions Survey, à laquelle participent 1 000 membres de la communauté du Forum économique mondial – composée de chefs de gouvernements, de dirigeants du secteur privé et d’universitaires – ainsi que des contributions d’experts du réseau mondial de l’organisation.
La cybersécurité s’est également hissée parmi les 10 risques mondiaux les plus importants en termes d’impact. Les cyberattaques et les défaillances au niveau des infrastructures et des réseaux critiques ont été classées au septième et au huitième rang pour les dommages potentiels qu’elles pourraient causer. Cela indique que les répondants ont conscience non seulement de la fréquence des cyberattaques, mais aussi du risque que ces incidents représentent pour notre économie numérique, et jusqu’à notre mode de vie. Ce classement reflète l’impact mondial qu’ont eu des incidents tels que WannaCry, Equifax et des centaines d’autres cyberattaques réussies sur notre conscience collective.
En fait, le cyber espace lui-même fait partie de ce que le rapport appelle les « biens communs mondiaux » qui ont besoin d’une protection particulière, au même titre que le climat, l’espace extra-atmosphérique et les régions polaires.
Pour tous ceux qui envisagent encore le futur avec sérénité après tout cela, le rapport comporte une section amusante intitulée « Chocs futurs », qui examine les effets à long terme de phénomènes comme l’informatique quantique, les outils de manipulation météorologique ou une rupture dans l »approvisionnement alimentaire. La section sur l’informatique quantique prédit que « quand les énormes ressources consacrées à la recherche quantique conduiront à l’utilisation de l’informatique quantique à grande échelle, beaucoup des outils qui forment la base de la cryptographie numérique actuelle seront rendus obsolètes. »
Cela ne surprendra pas les professionnels de la cybersécurité, mais il est toujours intéressant de prendre du recul et réfléchir un instant sur l’importance de notre travail quotidien dans ce contexte. Lorsque nous sommes pris dans le tourbillon du quotidien au travail, il est facile de perdre de vue l’importance réelle de la cybersécurité dans l’économie mondiale. Ce genre de mise en perspective est également pour expliquer en quoi le travail effectué sur la cybersécurité est important aux membres d’une organisation qui ne travaillent pas eux-mêmes dessus.
La grande question est de savoir comment les organisations vont réagir : l’acceptation des problèmes auxquels nous sommes confrontés est la première étape, mais la prochaine étape doit être l’action.
Nous devons tenir les dirigeants et les cadres supérieurs du monde entier garants d’une gestion responsable du risque cybernétique. En tant que société, nous devons l’exiger. En tant que clients, nous le méritons. La question ne doit plus être qui nous pouvons blâmer – des États-nations aux hackers – mais comment nous pouvons prévenir ces risques. Nous devons collectivement faire face à la réalité d’une économie numérique.
Tout est lié, ce qui signifie que chaque aspect du commerce et de l’industrie d’aujourd’hui est une accroche qui peut être utilisée pour une attaque potentielle. Nous devons élaborer des stratégies de sécurité pour faire face aux nouveaux risques créés par la transformation digitale. Ne pas le faire nous ferait prendre le risque d’événements aux conséquences irréparables. (Par Renaud Deraison, cofounder and CTO at Tenable).