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Cybercriminalité en 2024 : Les vrais chiffres de la France sous surveillance

Alors que les projecteurs mondiaux étaient braqués sur la France pour les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, beaucoup redoutaient une vague de cyberattaques sans précédent. Pourtant, derrière les chiffres officiels, la réalité s’avère bien plus nuancée. Loin des effets d’annonce, la cyberdélinquance en France dessine une cartographie complexe, où la vigilance institutionnelle côtoie les arnaques numériques du quotidien, et où l’évolution des comportements cybercriminels suit sa propre logique, loin des prédictions alarmistes.

L’année olympique n’a pas déclenché de tsunami cyber : radiographie d’une menace maîtrisée

En 2024, la France s’attendait à une avalanche d’incidents informatiques, alimentée par la visibilité mondiale des Jeux Olympiques et Paralympiques. Mais, au grand dam des catastrophistes, la vague n’a pas eu lieu. Les services de police et de gendarmerie, sur le pont, ont observé une stabilité inattendue du nombre d’infractions liées au numérique, alors même que l’Hexagone était sous les feux de la rampe.

Ce calme relatif cache toutefois une réalité plus subtile : la cybercriminalité ne connaît pas de pause, elle mute. Les chiffres officiels, consolidés par le Service Statistique Ministériel de la Sécurité Intérieure (SSMSI), montrent que le volume total des infractions numériques a progressé de 2 % en 2024 par rapport à l’année précédente. Cette hausse, loin d’un raz-de-marée, s’inscrit dans une tendance de fond : le numérique façonne désormais toutes les facettes de la délinquance.

Dans ce paysage, la création de la plateforme Thésée, dédiée au dépôt en ligne de plaintes pour e-escroqueries, a bouleversé les usages. Près de 51 000 plaintes y ont été enregistrées, soit plus d’un cinquième des atteintes numériques aux biens recensées par les forces de l’ordre. Si le volume global d’atteintes numériques aux biens recule légèrement (-1 %), cette évolution masque des dynamiques inversées : la forte baisse des infractions déclarées via Thésée (-19 %) n’est que partiellement compensée par une hausse des signalements hors plateforme (+6 %).

La conclusion s’impose : le numérique n’a pas provoqué d’explosion, mais il a façonné les modalités mêmes de la criminalité. Loin des fantasmes, la cybersécurité institutionnelle française a tenu bon, mais la vigilance reste de mise, car la délinquance numérique s’adapte et évolue, souvent à bas bruit.

En 2024, 348 000 infractions numériques ont été enregistrées en France, soit une hausse de 2 % par rapport à 2023, confirmant une progression constante, mais loin de l’explosion attendue durant les JO.

Victimes, profils et genres : la cybercriminalité cible différemment

Derrière chaque statistique, une histoire. En 2024, les femmes ont payé un lourd tribut aux atteintes numériques à la personne. Deux tiers des victimes sont de sexe féminin, une surreprésentation flagrante qui interroge sur la nature de la violence numérique : harcèlement, injures, menaces ou encore discriminations prolifèrent en ligne, bien au-delà des frontières physiques.

Les femmes de 18 à 44 ans incarnent à elles seules près de la moitié des victimes majeures de ces délits, alors qu’elles ne représentent qu’un cinquième de la population adulte française. Cette surexposition ne s’explique ni par un taux d’équipement informatique supérieur, ni par une différence d’accès à Internet, mais bien par une réalité sociale et numérique qui démultiplie la vulnérabilité dans l’espace digital.

Du côté des atteintes numériques aux biens — essentiellement des escroqueries et fraudes financières en ligne —, le clivage de genre s’estompe. Hommes et femmes sont concernés à parts quasi égales, avec une légère surreprésentation des hommes de plus de 45 ans. Les mineurs ne sont pas en reste : les victimes d’atteintes numériques à la personne sont très majoritairement des filles de moins de 15 ans, tandis que les garçons de plus de 15 ans dominent dans la catégorie des infractions financières.

L’analyse du profil des personnes mises en cause complète ce panorama : sur les 60 000 individus impliqués dans une infraction numérique en 2024, plus de huit sur dix sont majeurs. Les atteintes à la personne constituent désormais la majorité des dossiers traités (62 %), signe d’une dématérialisation croissante des violences. Sur la décennie écoulée, le nombre de personnes mises en cause a bondi de 75 %, même si la croissance ralentit en 2024. Un détail frappant, pourtant : les atteintes aux institutions et celles touchant aux législations spécifiques (RGPD, loi Hadopi, etc.) représentent une infime part des infractions, mais leur hausse reste spectaculaire en 2024 (+42 % pour ces dernières).

La cybercriminalité n’est donc pas qu’une affaire de chiffres : elle touche différemment selon l’âge, le genre, le statut social, et démontre chaque année sa capacité à contourner les réponses institutionnelles et à s’installer dans tous les recoins de la vie connectée.

En 2024, 66 % des victimes majeures d’atteintes numériques à la personne étaient des femmes, révélant la dimension profondément genrée de la violence numérique en France.

L’évolution des techniques et des profils : du hacking à la délinquance du quotidien

Le paysage cybercriminel français n’a plus grand-chose à voir avec les mythes des années 2000, où le “hacker de génie” était l’unique menace. Désormais, la majorité des infractions enregistrées s’inscrit dans un continuum qui va de l’escroquerie en ligne de masse jusqu’aux atteintes techniques complexes, comme l’intrusion dans les systèmes automatisés de traitement de données (ASTAD).

En 2024, 17 100 atteintes ASTAD ont été recensées, en léger recul, mais ces attaques constituent toujours le noyau dur de la criminalité numérique : sabotages, intrusions, paralysies de réseaux… Ces actes sont à la fois les plus difficiles à mener pour les criminels et les plus complexes à investiguer pour les services de sécurité. Paradoxalement, c’est dans les “petites” infractions du quotidien que l’ampleur du phénomène se mesure le mieux. Les escroqueries et fraudes profitent d’une automatisation croissante des attaques : phishing industrialisé, usurpations d’identité, arnaques à la fausse location ou au faux support technique.

Les chiffres du SSMSI montrent aussi une montée en puissance de la délinquance numérique “banalisée”, dont les auteurs ne sont pas des cyberpirates chevronnés mais de simples opportunistes profitant de failles humaines et techniques. Plus inquiétant encore, la criminalité numérique touche aussi les institutions publiques, avec une augmentation continue des attaques contre les collectivités, les administrations et les entreprises stratégiques.

Dans ce contexte, la plateforme Thésée représente une innovation majeure, tant pour le signalement que pour le dépôt de plaintes. Ce nouvel outil contribue à mieux documenter la réalité cybercriminelle, même s’il révèle aussi le retard de certaines victimes dans la prise de conscience et la dénonciation des faits.

Si la France a su résister à la tempête annoncée en 2024, c’est sans doute grâce à une alliance de facteurs : montée en compétence des équipes cyber, structuration des dispositifs de réponse et, surtout, capacité à s’adapter en continu aux mutations de la menace. La vigilance, quant à elle, reste une affaire collective, car chaque usager, chaque institution, chaque entreprise demeure une cible potentielle dans un univers numérique sans frontière.

19 000 sites WordPress WooCommerce vulnérables à vendre

Un internaute annonce sur un forum clandestin la vente de 19 000 sites WordPress vulnérables utilisant WooCommerce. Il exploiterait une faille SQL trés ancienne.

Un pirate informatique repéré dans un darkweb propose à la vente une base de données étonnante. Etonnante sur plusieurs points. D’abord, le hacker malveillant connu pour ses « produits » dans l’espace pirate surveillé indique posséder 19 000 sites sous WordPress faillible. La faille, second étonnement, une injection SQL dans un plugin qui souffrirait d’un problème de sécurité depuis… 21 ans !

Offre sur le darkweb : vente massive de sites vulnérables WordPress + WooCommerce

Sur ce forum darkweb, l’utilisateur a proposé il y a quelques jours à la vente un lot de 19 000 sites WordPress équipés du plugin WooCommerce. Selon l’annonce, ces sites ne sont pas nécessairement des boutiques en ligne : la seule condition est la présence du plugin WooCommerce, largement utilisé pour ajouter des fonctionnalités e‑commerce à WordPress.

L’exploit décrit s’appuie sur une vulnérabilité d’injection SQL (SQLi), citant un identifiant CVE « vieux de 21 ans ». Aucun détail technique n’est fourni dans l’annonce pour relier la vulnérabilité à un CVE précis. Soit le pirate ment, mais il est connu dans le milieu donc risquerait de ce faire bannir de l’ensemble de ses business, soit le pirate n’est pas fou et n’a pas envie de voir les sites trop rapidement corrigés. L’attaque permettrait d’extraire tout contenu de la base de données : hachages de mots de passe, paramètres de configuration, voire potentiellement des informations sensibles selon le contenu des bases.

Caractéristiques de l’offre malveillante

L’annonce indique que le vendeur a collecté ces accès mais n’a pas procédé à une exploitation approfondie, déclarant manquer de temps et souhaitant financer un autre projet. Le prix de la base de sites vulnérables est fixé à 2 000 €. Le vendeur affirme que la faille toucherait diverses typologies de sites WordPress : boutiques en ligne, sites associatifs avec bouton de don, et plateformes diverses utilisant WooCommerce, ce qui inclut de fait de nombreux commerces ou sites de collecte de fonds.

L’annonce spécule sur la présence éventuelle de numéros de cartes bancaires en base, mais le vendeur indique ne pas avoir automatisé leur extraction à grande échelle. Il sollicite d’ailleurs d’éventuelles méthodes ou scripts d’automatisation permettant d’accélérer cette opération, en promettant d’étudier toute suggestion reçue (sic!).

WooCommerce reste le plugin e‑commerce le plus déployé dans l’écosystème WordPress, avec plus de 5 millions d’installations actives selon WordPress.org. L’historique des vulnérabilités SQLi sur WordPress et WooCommerce est longuement documenté. Plusieurs failles majeures de type injection SQL ont été découvertes, dont CVE‑2013‑7448 et CVE‑2022‑0072, affectant le cœur de WordPress ou ses extensions e‑commerce.

Malgré la correction de la majorité des failles majeures, l’absence de mises à jour automatiques ou l’usage de versions piratées expose encore de nombreux sites. Les administrateurs des 19 000 sites annoncés n’ont pas « patchés » des vulnérabilités pourtant réparées. Les conséquences : extraction de données personnelles, compromission des comptes administrateurs, exfiltration de listes clients, voire parfois accès à des informations de paiement si elles ne sont pas externalisées.

La vente massive de sites vulnérables n’est pas une nouveauté. ZATAZ.COM, blog de référence dédié aux questions de lutte contre le cybercrime, a déjà alerté de nombreuses fois de ce type de marketing de la malveillance. L’existence d’un marché secondaire actif sur les accès à des sites non sécurisés n’est pas un « fantasme ». Le risque élevé de vols de données clients (mails, identités, commandes), compromission des comptes administrateurs, fraudes, usurpations ou campagnes d’hameçonnage (BEC) ciblées, éventuelle exfiltration de données de paiement, si la gestion des cartes bancaires n’a pas été externalisée à un tiers sécurisé.

L’annonce n’indique pas si des sites français sont concernés. Aucun élément vérifiable ne permet d’attester l’exactitude de la quantité ni la localisation des victimes. Les autorités comme l’ANSSI et la CNIL rappellent régulièrement l’importance de mettre à jour WordPress et ses plugins, et de surveiller toute activité suspecte sur les bases de données e‑commerce.

Contrefaçon et criminalité organisée : un risque pour la société

Le rapport d’Unifab 2025 met en lumière comment la contrefaçon, désormais un financement massif des trafics, alimente les réseaux mafieux et menace travailleurs, santé publique et emploi.

Contrefaçon : un levier financier pour les réseaux criminels

L’Union des Fabricants (Unifab), association reconnue d’utilité publique regroupant environ 200 entreprises et fédérations professionnelles, publie en avril 2025 un rapport révélateur du lien structurel entre la contrefaçon et la criminalité organisée. Christian Peugeot, président d’Unifab, doit prochainement le remettre au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en présence de la sénatrice Catherine Dumas, engagée sur ce front.

Ce document alerte sur la contrefaçon comme source « incontournable » de financement pour les groupes criminels, un phénomène amplifié par la digitalisation et la globalisation des circuits de distribution. Une alerte malheureusement classique pour l’UNIFAB qui, avant chaque grandes vacances d’été, tente d’alerter les consommateurs face aux dangers des contrefaçons.

Qualité, santé et travail : des impacts concrets et graves

Le rapport rappelle que la contrefaçon représente 2,5 % du commerce mondial et jusqu’à 5,8 % des importations dans l’UE. Les produits contrefaits sont souvent dangereux, fabriqués avec des substances toxiques (plomb, mercure) et impropres à la sécurité, souvent issus de conditions de production à hauts risques sanitaires et environnementaux.

Par ailleurs, la question sociale est cruciale : cette économie grise exploite des travailleurs précaires, sans papiers, y compris des mineurs, dans des unités clandestines souvent localisées à la périphérie des marchés européens comme l’Italie, l’Espagne ou la Pologne. Ces filières renforcent la traite humaine et la pression sur les droits fondamentaux.

Modalités et techniques des trafiquants

Unifab décrit des techniques sophistiquées : « bulk breaking », fragmentation d’envois postaux, assemblages disloqués, mélange de faux et d’authentiques, exploitation des pénuries, implantation de sites de production aux frontières de l’UE. Ces procédés compliquent le travail des douanes, capables de contrôler seulement 2 % à 3 % des flux. Le blanchiment s’opère via des sociétés-écrans, des circuits opaques, le système informel Hawala, les cryptomonnaies anonymes (Monero, Dash, Zcash, NFTs), et des mixers destinés à brouiller les traces.

Europol, cité par Unifab, recense 31 organisations criminelles – Camorra, mafia italienne, triades, D‑Company, Hezbollah, cartels mexicains, Corée du Nord – impliquées dans le trafic de contrefaçon. Selon l’agence, ces réseaux représentent les plus menaçants en Europe : 821 organisations, 25 000 membres, répartis dans 112 nationalités, opérant souvent via des structures légales pour masquer leurs activités.

Certaines de ces structures s’appuient sur des entreprises légitimes pour dissimuler leurs activités et faciliter le blanchiment, évoquant le modèle ABCD : Agile, Borderless, Controlling, Destructive.

Compteur économique : des pertes colossales

En France, plus de 21 millions de produits contrefaits ont été saisis en 2024, pour une valeur estimée à 645 millions € . Sur le plan européen, la contrefaçon coûterait aux États environ 15 milliards € de recettes fiscales et provoquerait la suppression de 670 000 emplois par an.

L’Unifab préconise une réponse globale, coordonnée et offensive : création d’unités spécialisées, saisie systématique des avoirs criminels, renforcement des sanctions judiciaires. Christian Peugeot appelle à une prise de conscience collective, insistant sur le fait que tout achat d’un produit contrefait « nuit à la société tout entière » et finance des crimes graves.

De son côté, Europol recommande de renforcer la coopération policière, judiciaire et douanière, de cibler davantage les circuits financiers non conventionnels et d’élargir l’analyse aux structures économiques légales infiltrées.

Fraude documentaires numériques : 1 entreprise française sur 5 victime

Face à une transformation digitale devenue indispensable, les entreprises françaises découvrent aujourd’hui une réalité inquiétante : un professionnel sur cinq a déjà été confronté à la falsification ou l’usurpation de documents numériques. Alors que ces risques sont connus, leur gestion reste approximative.

La digitalisation, accélérée par la nécessité de productivité et d’efficacité, s’accompagne inévitablement d’une exposition accrue aux menaces numériques. Parmi ces menaces, les fraudes documentaires représentent aujourd’hui un enjeu majeur. Contrats, relevés d’identité bancaire (RIB), pièces justificatives ou encore documents officiels comme les pièces d’identité, toutes ces ressources, essentielles au fonctionnement quotidien des entreprises, se retrouvent désormais numérisées, échangées et stockées de façon systématique. Leur manipulation, pourtant simple en apparence, est aujourd’hui à haut risque.

Selon une enquête récente menée auprès de 1 000 professionnels français par Ipsos Digital pour le compte de Yousign, entreprise européenne spécialisée en signature électronique et solutions digitales sécurisées, la réalité est alarmante. Un professionnel sur cinq affirme avoir déjà été confronté à la falsification ou à la compromission d’un document numérique dans le cadre de ses fonctions professionnelles.

Cette vulnérabilité documentaire, si elle est aujourd’hui largement connue, reste pourtant insuffisamment prise en compte. Plus précisément, alors que 89 % des actifs français constatent une intensification des menaces liées à la cybersécurité, la problématique spécifique aux documents numériques apparaît particulièrement préoccupante. En effet, 60 % des répondants s’inquiètent explicitement de la vulnérabilité de leurs documents face aux risques de falsification, de modification non autorisée, ou d’accès frauduleux.

intelligence artificielle : amplificateur des risques documentaires

Le développement de l’intelligence artificielle (IA), largement présenté comme bénéfique pour les processus internes, est également à l’origine d’inquiétudes nouvelles. Les techniques permises par l’IA, notamment les deepfakes, renforcent considérablement les capacités de falsification documentaire, rendant la détection de ces fraudes extrêmement difficile. Ainsi, selon l’étude Ipsos-Yousign, 67 % des professionnels français considèrent désormais l’intelligence artificielle comme une menace supplémentaire, notamment à cause des techniques automatisées, particulièrement sophistiquées, de falsification numérique.

La crainte face à ces nouveaux types de manipulations numériques n’est pas sans conséquence concrète. 12 % des salariés interrogés déclarent ainsi avoir déjà été confrontés à des litiges juridiques liés directement à des falsifications documentaires. De plus, ces fraudes génèrent aussi des conséquences financières immédiates pour les entreprises concernées : 15 % des répondants rapportent une perte financière directe liée à des documents falsifiés ou compromis. Parmi ces pertes financières, figurent notamment les erreurs de facturation, les engagements contractuels invalidés, ou encore des paiements frauduleux.

Ce constat souligne donc une réalité incontournable : la sécurité documentaire ne peut plus être considérée comme une option ou un simple confort supplémentaire. Pourtant, dans la pratique, les mesures mises en place par les entreprises françaises restent très en-deçà des besoins réels en matière de cybersécurité documentaire.

Cybersécurité documentaire : un retard inquiétant dans les entreprises françaises

Un paradoxe se dessine clairement entre la perception qu’ont les salariés de la digitalisation de leur entreprise, et la réalité des pratiques de sécurité mises en œuvre. Ainsi, si 63 % des professionnels interrogés estiment que leur entreprise est correctement digitalisée, seuls 21 % pensent réellement que leur organisation est prête à affronter efficacement les risques documentaires.

La sécurité numérique est pourtant identifiée comme une priorité stratégique par une grande majorité des décideurs : 50 % d’entre eux placent ce critère parmi les premiers éléments pris en compte lorsqu’ils choisissent leurs outils numériques, devant la fiabilité (45 %) et l’ergonomie (32 %). Cependant, les investissements nécessaires pour renforcer cette sécurité documentaire peinent encore à suivre. Ainsi, 64 % des responsables d’entreprises interrogés n’envisagent pas d’augmenter le budget alloué à la cybersécurité dans les prochains mois.

Cette insuffisance d’investissement s’accompagne également d’un déficit important en termes de sensibilisation et de formation des salariés. L’étude Ipsos-Yousign révèle ainsi que seulement 18 % des employés interrogés affirment que l’ensemble de leur entreprise a été formé aux bonnes pratiques en matière de sécurité documentaire. Près d’un tiers (32 %) évoquent des initiatives limitées, réservées uniquement à certains services spécifiques. Mais le plus préoccupant reste sans doute que 40 % des salariés interrogés n’ont reçu aucune formation à la cybersécurité documentaire au sein de leur organisation.

Des solutions techniques et organisationnelles indispensables

Face à cette situation, il apparaît indispensable pour les entreprises françaises de repenser intégralement leur approche de la sécurité documentaire. Les vulnérabilités générées par l’automatisation et la digitalisation imposent d’intégrer des outils fiables, souverains et certifiés, qui permettront de sécuriser réellement les documents numériques. Parmi ces outils, la signature électronique, la vérification automatisée d’identité ou encore l’auditabilité des échanges documentaires deviennent incontournables.

Au-delà des outils techniques, les entreprises doivent aussi s’engager plus fortement dans la sensibilisation de leurs équipes. La formation régulière des salariés, à tous les niveaux de l’entreprise, devient une nécessité absolue pour prévenir les erreurs humaines, encore trop souvent à l’origine des vulnérabilités documentaires. Cette prise de conscience doit s’accompagner d’une réelle volonté politique interne, portée par les directions générales, pour que les investissements dans la cybersécurité documentaire soient enfin à la hauteur des risques encourus.

En résumé, la sécurisation documentaire numérique n’est plus seulement une préoccupation technique ou juridique isolée, mais une priorité stratégique globale. Sans une réaction rapide et coordonnée des entreprises, les fraudes documentaires continueront de progresser, faisant peser sur les organisations des risques financiers, juridiques et réputationnels considérables.

Cybersécurité : protéger ses données commence par les connaître

Cartographier son patrimoine de données est un prérequis essentiel d’une stratégie Zero Trust. Sans connaissance précise de ses actifs, ni classification ni politique d’accès cohérente, toute protection demeure incomplète.

Avant d’ériger des défenses, il faut dresser un inventaire. Toute stratégie de cybersécurité Zero Trust repose sur une vision exhaustive des données, de leurs formats, emplacements et sensibilité. Cette cartographie permet d’attribuer les niveaux de protection adaptés et d’identifier les risques potentiels, notamment ceux liés aux données sensibles ou critiques.

Cartographie, classification et traçabilité

La démarche de cartographie de MyDataCatalogue consiste à identifier toutes les sources utilisées, bases de données, fichiers bureautiques, SIG, messageries, APIs, et à documenter leurs flux, dépendances et usages. Les livrables incluent diagrammes interactifs, modèles visuels, et tableaux détaillés illustrant le parcours des données, leur structure et leurs relations. Cette étape permet aussi de détecter ce qui n’est pas encore repéré, les données « sombres » qui échappent à la gouvernance.

La classification vient ensuite : attribuer un niveau de sensibilité à chaque actif (ex : PII, santé, finance) et les étiqueter selon les exigences Zero Trust. Le data lineage, ou traçabilité, renforce cette approche en suivant la provenance et les transformations, crucial pour évaluer les impacts sur la sécurité.

MyDataCatalogue : un levier pour une gouvernance automatisée

Parmi les solutions du marché, MyDataCatalogue, un module de la plateforme Phoenix mis en place par l’éditeur français Blueway, propose une approche innovante. Née de l’acquisition de Dawizz en 2023, cette solution assure une cartographie et une classification automatisées du patrimoine de données.

Grâce à des sondes d’audit, la solution scanne automatiquement les données structurées ou non structurées, qu’il s’agisse de bases SQL, fichiers bureautiques, messageries ou applications métiers, pour extraire métadonnées, formats et contenu. Les algorithmes d’intelligence artificielle facilitent le nettoyage, la normalisation et la classification selon des labels RGPD ou cybersécurité.

Une console 360° permet ainsi de visualiser tout le patrimoine, d’imposer des politiques d’accès fondées sur la sensibilité, d’assurer la traçabilité des accès et mises à jour — atouts majeurs pour un dispositif Zero Trust. La conformité est simplifiée par des rapports automatiques sur les accès, les modifications, et la gouvernance des données.

Les étapes incontournables d’une démarche réussie

Un guide pratique établi par Blueway articule les phases suivantes : Cartographier pour inventorier l’ensemble du patrimoine ; Classifier afin de prioriser les données selon leur sensibilité et usage ; Documenter et cataloguer les traitements et métadonnées ; Analyser la qualité tout au long du cycle de vie et Remédier aux anomalies ou données interdits.

Cette démarche, qui lie valorisation, conformité et protection, permet de passer d’une vision cloisonnée à une gouvernance fluide, consciente du risque.

Cartographie + classification = socle Zero Trust

Le modèle Zero Trust repose sur l’absence de confiance implicite. Ainsi, toute requête d’accès aux données est évaluée : l’utilisateur est identifié, le contexte analysé, la sensibilité de la donnée vérifiée. Sans inventaire précis ni classification, ce mécanisme échoue : on ne peut pas vérifier ce que l’on ne connaît pas.

Avec MyDataCatalogue, la classification automatisée alimente la politique d’accès Zero Trust ; les logs et audits la rendent vérifiable. En cas d’anomalie ou fuite, la connaissance des flux et dépendances permet une réponse rapide, contenue et structurée.

MyDataCatalogue se distingue par une intégration native à une plateforme low‑code (Phoenix), combinant ESB, MDM, BPA et API management. Cette synergie permet un pilotage complet du cycle de vie des données, depuis leur découverte jusqu’à leur utilisation ou suppression. Les atouts de MyDataCatalogue ?

Agnostique aux formats. Tout support scannable (base, fichier, API…) peut être indexé ; Classification en continu : les audits et enrichissements via IA garantissent un catalogue à jour ; Intégration MDM : la liaison avec le module master data centralise les référentiels ; et, loin d’être négligeable (et à ne surtout pas négliger) : Conformité RGPD et cybersécurité avec la classification des données.

Comme vous l’aurez compris, connaître son patrimoine de données est donc impératif : sans cette base, les approches Zero Trust ou DLP peinent à tenir le cap. La cartographie donne les clés, la classification hiérarchise les risques, la gouvernance livre les politiques, et la traçabilité complète la boucle. La solution MyDataCatalogue ancre la démarche dans une plateforme cohérente, end‑to‑end, un atout décisif pour les DSI, RSSI et DPO en quête de résilience numérique.

Panne mondiale chez Cloudflare : 2 h 28 d’interruption pour des services critiques

Le 12 juin 2025, Cloudflare a subi une panne majeure de 2 h 28, paralysant plusieurs de ses services critiques dans le monde entier.

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Le 12 juin, il est presque 20 heures à Paris, l’équipe WARP de Cloudflare (son VPN) signale des échecs dans l’enregistrement de nouveaux appareils ; moins de 15 minutes plus tard, le service Access déclenche une alerte en raison d’une hausse anormale des erreurs. À 18 h 06, les incidents isolés sont regroupés après identification du problème : l’indisponibilité de Workers KV. La priorité passe à P1, puis à P0 dès 20 h 21, signe d’une urgence maximale. L’incident est maîtrisé à partir de 22 h 23, avec retour aux niveaux de service habituels à 22 h 28.

Origine du problème et localisation

Le cœur du dysfonctionnement provient d’un composant de stockage central utilisé par Workers KV, rupture provenant d’un fournisseur tiers, identifié comme une infrastructure Google Cloud Platform. Cette infrastructure, pourtant critique, présentait un point de défaillance singulier, malgré le caractère « coreless » supposé de Workers KV. Si l’enregistrement de nouveaux clients a posé probléme, le fait de ne pas se connecter à son dashboard (son administration client) est plus problématique. Plus possible de connexions par mot de passe, Google OIDC et SSO inaccessibles . L’API v4 est restée fonctionnelle.

Aucune intrusion ou incident lié à la sécurité n’est signalé. Aucun perte de données n’est constatée. Les services Magic Transit, Magic WAN, DNS, CDN, proxy, WAF et API v4 sont restés opérationnels.

Des analystes rapportent que l’incident s’inscrit dans un contexte global de défaillance Google Cloud, qui a affecté d’autres grands noms de la tech comme Google, Spotify ou Discord. La ruée vers le cloud unique est montrée du doigt, malgré les systèmes multi régionaux. Dans les forums (Reddit, …), de nombreux retours soulignent la dépendance de Cloudflare à GCP pour le stockage KV « cold » en soulignant une mauvaise protection contre les points de défaillance.

Cloudflare a accélère plusieurs actions comme la migration vers une infrastructure propre (R2 interne) pour le stockage central de KV. Renforcement de la redondance, suppression de toute dépendance unique. Outils pour réactiver progressivement des namespaces durant un incident.

Ce qui est « ballot » c’est que ces actions étaient en cours lors de la panne, avec une bascule en temps réel sur une architecture alternative.

Cet incident a révélé la fragilité d’une dépendance essentielle à un prestataire externe, malgré des architectures multi régions. Cloudflare revendique sa responsabilité entière, promet des renforts de résilience et anticipe d’autres améliorations dans les mois à venir.

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Vodafone sanctionné de 45 millions d’euros pour violations graves de la protection des données

L’autorité allemande de protection des données inflige une amende historique à Vodafone pour des manquements graves liés à des pratiques commerciales frauduleuses et des failles de sécurité.

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Depuis l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018, l’Union européenne a multiplié les sanctions contre les entreprises ne respectant pas les règles strictes imposées en matière de confidentialité et de sécurité. L’Allemagne, particulièrement vigilante sur ce terrain, vient de frapper fort en sanctionnant Vodafone à hauteur de 45 millions d’euros. En cause, des pratiques commerciales trompeuses menées par des agences partenaires de l’opérateur et des failles importantes dans ses systèmes d’authentification, qui ont exposé les données de ses clients. Une décision qui s’inscrit dans une tendance croissante de surveillance renforcée par les régulateurs européens, soucieux de garantir la confiance numérique des citoyens.

Un double manquement pointé par le régulateur

Le 3 juin 2024, le Bureau fédéral de la protection des données (BfDI), autorité allemande indépendante chargée de veiller au respect du RGPD, a annoncé avoir infligé à Vodafone une amende totale de 45 millions d’euros (51,2 millions de dollars). Cette décision découle de deux types d’infractions distinctes. D’abord, le régulateur a reproché à l’entreprise son absence de contrôle sur les agences de vente partenaires, responsables de pratiques qualifiées de « malveillantes ». Ensuite, il a dénoncé des « failles critiques » dans les procédures d’authentification de Vodafone, qui ont permis à des tiers non autorisés d’accéder à des profils de clients, notamment à travers le système eSIM.

Selon le communiqué publié par le BfDI, l’enquête a révélé que certaines agences partenaires, mandatées pour vendre des services au nom de Vodafone, ont abusé de leur position. Elles auraient manipulé les contrats, falsifié des données clients ou modifié les termes sans consentement, dans le but d’atteindre des objectifs commerciaux.

La seconde infraction, bien plus lourde sur le plan financier, concerne les mécanismes d’authentification utilisés par Vodafone dans son portail en ligne et via sa hotline. Le BfDI estime que ces systèmes présentaient des vulnérabilités importantes qui ont facilité l’accès non autorisé à des données personnelles sensibles.

« Les failles découvertes permettaient notamment à des tiers d’accéder illégalement aux profils eSIM des utilisateurs« , a précisé l’autorité dans son communiqué.

Cette deuxième série de manquements a justifié une sanction de 30 millions d’euros (34 millions de dollars), les services de l’État considérant que Vodafone n’avait pas pris les mesures minimales nécessaires pour garantir la confidentialité des informations. Or, le RGPD exige des entreprises qu’elles mettent en œuvre des technologies et des protocoles de sécurité rigoureux, dès la conception de leurs produits et services.

Réactions et mesures correctives

Face à ces accusations, Vodafone a reconnu des insuffisances dans ses systèmes de protection des données. Dans un communiqué publié le jour même de la sanction, l’entreprise a exprimé ses regrets et a indiqué avoir revu en profondeur ses procédures internes.

« Les actions des agences partenaires ont révélé des lacunes dans nos contrôles de protection des données« , a déclaré un porte-parole de Vodafone. « Nous regrettons que des clients aient été impactés négativement« .

« Les systèmes et les mesures en place à l’époque se sont révélés insuffisants« , ajoute l’entreprise, affirmant que la nouvelle direction a fait de la protection des données une priorité absolue.

Depuis le début de l’enquête menée par le BfDI, Vodafone affirme avoir renforcé de manière significative ses mesures de sécurité. Des audits internes ont été menés et des mécanismes d’authentification plus robustes ont été déployés sur ses plateformes. Le régulateur a confirmé que des « progrès notables » ont été constatés dans les mois ayant suivi le début de la procédure.

Cette sanction contre Vodafone s’inscrit dans un contexte européen marqué par une augmentation significative des sanctions liées à la protection des données personnelles. Les autorités européennes, coordonnées par le Comité européen de la protection des données (EDPB), appliquent désormais avec rigueur les dispositions du RGPD.

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En mai 2023, Meta avait été condamnée à une amende record de 1,2 milliard d’euros (1,37 milliard de dollars) pour des transferts de données jugés non conformes entre l’Union européenne et les États-Unis. Uber, de son côté, a écopé d’une sanction de 290 millions d’euros (330 millions de dollars) pour avoir transféré des données de conducteurs sans garanties suffisantes.

Pour Louisa Specht-Riemenschneider, la commissaire fédérale allemande à la protection des données, cette vigilance accrue est essentielle pour préserver la confiance du public. « La protection des données est un facteur de confiance pour les utilisateurs de services numériques et peut devenir un avantage concurrentiel », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La responsable insiste également sur l’importance de la prévention, affirmant que « les entreprises doivent être en mesure de respecter la législation en matière de protection des données avant même que les violations ne surviennent ».

Une surveillance qui s’intensifie

L’affaire Vodafone illustre clairement les attentes grandissantes des régulateurs à l’égard des multinationales. Si la répression devient plus visible, c’est aussi parce que la société numérique génère des volumes de données toujours plus importants, augmentant ainsi les risques d’exploitation abusive ou de compromission.

En Allemagne, le BfDI multiplie depuis deux ans les contrôles sectoriels, notamment dans les télécommunications et les services bancaires. Ces secteurs traitent quotidiennement des données hautement sensibles, allant des informations d’identification jusqu’aux transactions financières. Toute faille ou dérive dans la gestion de ces données expose les entreprises à des sanctions sévères.

Vodafone, présent dans plus de 20 pays, n’est pas à sa première controverse en matière de gestion des données. En 2019, l’opérateur avait déjà été interpellé en Italie pour avoir laissé des agents commerciaux sous-traitants démarcher illégalement des clients, ce qui avait entraîné une sanction de 12 millions d’euros par le Garante per la protezione dei dati personali.

La répétition de ces incidents montre que la gestion des partenaires externes représente un maillon faible pour les grandes entreprises opérant dans plusieurs juridictions. C’est d’ailleurs un point d’attention majeur dans les audits RGPD, qui insistent sur la nécessité de responsabiliser l’ensemble de la chaîne de traitement des données, sous-traitants compris.

Un avertissement pour l’ensemble du secteur

Avec cette nouvelle sanction, le message du BfDI est clair : les entreprises qui ne surveillent pas leurs partenaires ou qui négligent la sécurité des données encourent des conséquences financières lourdes. Au-delà du montant de l’amende, c’est aussi l’image de l’entreprise qui en sort écornée, dans un contexte où la protection des données est devenue un critère de différenciation pour les consommateurs.

Les prochains mois diront si Vodafone parvient à restaurer la confiance et à faire oublier cet épisode. Pour l’heure, l’entreprise affirme avoir « fondamentalement revu ses systèmes et processus« , tout en assurant que la protection des données est désormais « une priorité de la direction« . Reste à savoir si ces mesures suffiront à prévenir de nouveaux incidents.

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Erreur de données chez KBC Securities Services : 5 000 clients exposés par une fuite accidentelle

Une faille de confidentialité chez KBC Securities Services a mis en péril les données financières de milliers de clients, révélant des informations sensibles à des tiers non autorisés.

 

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C’est un dysfonctionnement aux conséquences sérieuses. KBC Securities Services, filiale du groupe bancaire belge KBC spécialisée dans la gestion de titres pour le compte de grandes fortunes, d’investisseurs institutionnels et de banques privées, a reconnu avoir envoyé, par erreur, des informations financières sensibles à des destinataires pour lesquels ces données n’étaient pas destinées. L’incident, d’origine humaine selon les premières conclusions, touche environ 5 000 clients, soulevant des inquiétudes majeures en matière de protection des données et de confidentialité bancaire.

L’incident s’est produit dans le cadre des activités de KBC Securities Services, un acteur discret mais influent dans l’univers de la gestion d’actifs. Ce service fournit notamment des documents détaillant la composition des portefeuilles, les montants investis, les valeurs des actions détenues, et d’autres informations à caractère financier et personnel. Selon plusieurs témoignages recueillis par le quotidien économique belge De Tijd, certains destinataires de ces documents ont rapidement pu identifier d’autres clients à partir des informations reçues. Un des témoins, lui-même destinataire erroné, a confié avoir reconnu un actionnaire connu dont le portefeuille affichait une valeur très importante.

« Il m’a suffi de quelques clics pour identifier certains titulaires de portefeuille. L’un d’eux est actionnaire dans une entreprise cotée très connue. Les montants figurant dans le document étaient loin d’être négligeables« , explique-t-il, soulignant la gravité de la fuite.

Selon les premières explications fournies par KBC, l’erreur serait liée à un prestataire externe chargé de générer et d’envoyer les documents aux clients. Un dysfonctionnement dans le processus aurait conduit à l’envoi croisé de documents, affectant un « nombre limité » de clients, selon le vocabulaire prudemment choisi par la banque. Mais ce « nombre limité » équivaut tout de même à environ 5 000 personnes, soit une proportion non négligeable au regard du profil hautement sensible de la clientèle concernée.

Dans sa déclaration officielle, KBC Securities Services tente de contenir les dégâts. L’entreprise affirme avoir immédiatement réagi pour corriger l’erreur, informer les clients touchés et prendre des mesures pour empêcher qu’un tel incident ne se reproduise. « La protection des données personnelles de nos clients est l’une de nos plus grandes priorités », indique le communiqué, sans donner davantage de détails sur la nature des mesures prises.

Une violation de ce type peut exposer une institution financière à des sanctions lourdes, jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial du groupe, comme le prévoit le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Toutefois, les experts interrogés par la presse belge estiment qu’une amende de cette ampleur est peu probable dans ce cas précis, en raison de la nature accidentelle de la fuite et de la réponse rapide de la banque.

L’enjeu principal ne se situe peut-être pas au niveau pécuniaire, mais bien dans la confiance des clients. La réputation de discrétion et de fiabilité de KBC Securities Services pourrait en sortir sérieusement écornée. Dans le secteur très concurrentiel de la gestion de fortune, où la confidentialité est une condition sine qua non de la relation client, ce type d’incident peut provoquer un désengagement rapide et discret de clients fortunés vers des institutions jugées plus sûres.

Certains clients envisagent d’ailleurs de porter plainte ou d’engager des actions en justice, toujours selon De Tijd. Un juriste spécialisé dans la protection des données personnelles estime que les clients ayant subi un préjudice — par exemple la divulgation de données à des concurrents ou des relations personnelles — pourraient obtenir réparation si un lien de causalité est démontré. Toutefois, prouver que la réception d’un mauvais document a directement nui à un client reste complexe, même si le préjudice moral et psychologique est évident.

« Un préjudice réputationnel peut suffire à motiver une action en justice, surtout si les montants en jeu ou les informations révélées sont significatifs », souligne-t-il.

Le secteur financier belge, déjà ébranlé par diverses cyberattaques ces dernières années, voit ainsi se poser une nouvelle menace : celle de la faille humaine. Les institutions bancaires ont massivement investi dans la cybersécurité, mais une simple erreur humaine dans une chaîne externalisée suffit à mettre à nu les limites d’un système pourtant très sécurisé. Cette affaire met également en lumière une problématique souvent sous-estimée : le rôle des sous-traitants et prestataires dans la gestion quotidienne des données sensibles. La délégation de certaines tâches, si elle est économiquement rationnelle, ouvre aussi des brèches que la technologie ne peut entièrement combler.

L’Autorité belge de protection des données a été saisie de l’affaire, mais n’a pour l’heure formulé aucun commentaire officiel. Si elle décide d’ouvrir une enquête, KBC devra justifier l’ensemble des étapes ayant conduit à la fuite et démontrer la mise en œuvre de mesures correctives suffisantes. Ce processus pourrait durer plusieurs mois, voire plus, selon la complexité du dossier.

Dans l’immédiat, la banque reste sur la défensive et refuse de communiquer des détails supplémentaires. Elle affirme que l’ensemble des clients concernés ont été personnellement contactés et qu’un suivi individuel est en cours pour répondre à leurs questions et inquiétudes. Reste à savoir si cela suffira à contenir la perte de confiance induite par un tel épisode.

Cette affaire résonne comme un avertissement pour l’ensemble du secteur bancaire européen. La protection des données, en particulier celles des clients les plus fortunés, n’est pas seulement une exigence réglementaire, c’est une condition de survie dans un univers où la discrétion est une monnaie aussi précieuse que l’or.

Dès lors, la question s’impose : dans un écosystème financier de plus en plus complexe et interconnecté, peut-on encore garantir la confidentialité absolue des données, ou faudra-t-il apprendre à vivre avec le risque permanent d’une faille, aussi humaine soit-elle ?

Se reconvertir en dix semaines : décryptage d’un bootcamp centré sur la pratique

Comment apprendre à coder sans passer par un long cursus universitaire ? Pour un nombre croissant d’adultes en reconversion, la réponse passe par un bootcamp intensif, format encore récent en France mais désormais bien installé. La Capsule fait partie des pionniers.

Créée en 2017, présente aujourd’hui dans neuf villes en France et en Europe, l’école propose une formation intensive de dix semaines pour devenir développeur web et mobile junior. Son approche est claire : apprendre en codant, chaque jour, sur des projets concrets.

Pauline, qui a terminé la formation developpement web en mars 2025, décrit une expérience à la fois intensive et gratifiante :
« J’ai adoré apprendre en travaillant sur des projets concrets, c’est vraiment motivant et formateur. Le rythme est intense, mais c’est justement ce qui permet de progresser vite et de se dépasser. »

Inspiré des écoles d’informatique, mais accompagné

À La Capsule, la journée commence par un cours théorique en petit groupe, animé par un formateur présent sur place. Ensuite, les élèves passent à la pratique, en autonomie ou en binôme, sur une série d’exercices conçus pour monter progressivement en complexité. Tout au long de la journée, l’équipe pédagogique reste disponible pour répondre aux questions, débloquer les situations et accompagner les apprentissages.

Bastien, ancien élève, y voit un équilibre réussi : « Des exercices et des projets à réaliser toute la journée, validés par un programme de tests. Mais ici, on a en plus un support de cours solide et un excellent professeur, disponible toute la journée. »

L’apprentissage est progressif et structuré. Pauline salue les supports pédagogiques : « Les notions sont super bien expliquées, on sent qu’ils ont été pensés pour vraiment nous aider à comprendre.« 

H2: Une progression rapide grâce au collectif

Au-delà des outils et du contenu, plusieurs élèves insistent sur l’ambiance et l’entraide. Bastien évoque un système de binôme efficace :
« Ceux qui ont plus d’expérience renforcent leurs acquis en expliquant, et ceux qui débutent apprennent encore plus vite. J’ai vu des camarades partir de zéro et progresser à une vitesse impressionnante. » Ce travail collectif culmine dans le projet final : trois semaines de conception et développement en équipe, pour créer une application mobile ou un site web mobilisant l’ensemble des compétences acquises.

Une employabilité affichée comme priorité

Derrière l’intensité de la formation, un objectif : permettre l’insertion rapide dans un secteur en forte demande. La Capsule annonce un taux de retour à l’emploi de 90 %.

Marlène Antoinat, CEO de La Capsule, souligne : « Nous nous adressons à des personnes qui n’ont pas forcément de background tech, mais qui ont besoin d’une formation concrète, rapide, et qui débouche sur un métier. Notre rôle, c’est de leur fournir les bons outils, dans un cadre exigeant mais bienveillant.« 

Un accompagnement structuré est également proposé via le Career Center : coaching personnalisé, ateliers CV, simulations d’entretiens.
Noël Paganelli, CTO, précise : « On apprend à coder, mais aussi à travailler en équipe, à expliquer ses choix techniques, à être autonome. C’est cette posture de développeur opérationnel que nous cherchons à transmettre.« 

Biométrie, IA, vie privée : faut-il s’inquiéter pour notre vie numérique ?

La biométrie remplace les mots de passe, l’intelligence artificielle analyse nos visages, nos voix, nos gestes… La technologie avance, mais nos libertés numériques reculent-elles en silence ?

Alors que Microsoft annonce la fin des mots de passe pour ses nouveaux comptes, misant sur l’authentification biométrique pour renforcer la sécurité des utilisateurs, Meta multiplie les usages de l’intelligence artificielle dans ses lunettes connectées Ray-Ban, récoltant toujours plus de données personnelles. À travers ces décisions stratégiques, deux géants du numérique dessinent les contours d’une nouvelle ère où la frontière entre confort technologique et atteinte à la vie privée devient de plus en plus floue. Loin d’être anodines, ces évolutions posent une question essentielle : qui contrôle réellement notre identité numérique ?

La fin des mots de passe : promesse de sécurité ou piège biométrique ?

C’est une petite révolution dans le monde de la cybersécurité : Microsoft ne proposera plus par défaut de mot de passe lors de la création de nouveaux comptes. À la place, les utilisateurs seront invités à utiliser une authentification sans mot de passe, basée notamment sur la biométrie, empreinte digitale, reconnaissance faciale ou encore dispositifs de sécurité physique comme les clés FIDO2.

L’argument de Microsoft est simple : les mots de passe sont vulnérables. Victimes d’attaques par hameçonnage, de fuites de données ou de piratage par force brute, ils sont devenus le maillon faible de la cybersécurité moderne. En optant pour des méthodes biométriques, l’entreprise entend renforcer la sécurité tout en simplifiant l’expérience utilisateur. Plus besoin de se souvenir d’un énième mot de passe : notre corps devient notre clé.

Mais cette évolution, qui semble à première vue bienvenue, soulève des inquiétudes majeures. Car si une empreinte digitale ou un visage ne peuvent être « oubliés », ils ne peuvent pas non plus être changés. En cas de fuite ou de piratage, contrairement à un mot de passe, une donnée biométrique est irrécupérable. Le vol d’une identité biométrique est définitif.

En outre, le recours accru à la biométrie pourrait aussi entraîner une généralisation de la surveillance. Si notre visage devient notre identifiant numérique, il devient aussi une cible de choix pour toutes les technologies de reconnaissance faciale déployées dans l’espace public ou par des entreprises privées. Or, les cadres juridiques encadrant ces technologies restent flous, variables selon les pays et souvent dépassés par la rapidité des innovations.

Meta et ses lunettes connectées : l’IA au cœur de l’intimité

Dans un tout autre registre mais avec des conséquences similaires, Meta a récemment mis à jour la politique de confidentialité de ses lunettes connectées Ray-Ban. Désormais, lorsque les fonctions d’intelligence artificielle sont activées, les photos et vidéos capturées sont analysées en continu. Pire encore, les enregistrements vocaux sont systématiquement stockés… et les utilisateurs ne peuvent pas s’y opposer autrement qu’en supprimant manuellement chaque fichier depuis l’application mobile dédiée.

Les données ainsi collectées peuvent être conservées jusqu’à un an, et potentiellement utilisées pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle de l’entreprise. L’objectif affiché : améliorer les performances des lunettes, permettre une meilleure reconnaissance des objets, des lieux, des personnes. Mais en arrière-plan, se profile une collecte massive de données d’une ampleur inédite.

Meta précise que les messages vocaux et contenus captés par ses appareils peuvent être utilisés pour entraîner ses modèles d’IA, sans que l’utilisateur n’en soit clairement informé à chaque interaction.

Ce n’est pas une première. Le géant californien a déjà annoncé qu’il entraînait ses modèles Llama sur les publications publiques des utilisateurs américains de ses réseaux sociaux. Une pratique rendue possible par les conditions d’utilisation des plateformes, souvent acceptées sans lecture préalable. Avec les lunettes Ray-Ban, l’étape suivante est franchie : l’IA s’invite dans la vie réelle, au plus près du quotidien.

Une nouvelle ère de l’identité numérique : confiance ou dépendance ?

Dans ce paysage en pleine transformation, d’autres acteurs cherchent à renforcer la confiance dans l’environnement numérique. C’est notamment le cas de la société World, qui vient d’annoncer un partenariat stratégique avec Tinder et Visa. Cette collaboration vise à intégrer une technologie de vérification d’identité innovante dans des services à large échelle. Résultat : des plateformes plus sûres, où la vérification de l’identité devient à la fois plus rapide, plus fiable, et plus discrète.

Concrètement, pour la première fois, la possibilité de confirmer de façon fluide son identité grâce à une technologie unique sera intégrée simultanément dans plusieurs services numériques de masse. Que ce soit pour s’inscrire sur une application de rencontres ou valider une transaction, l’utilisateur pourra prouver qu’il est bien lui-même en quelques secondes, sans recourir à des processus complexes ni fournir de documents papier. Cette tendance s’inscrit dans un nouveau cycle de confiance numérique, où l’identité devient un vecteur central de sécurité, mais aussi d’accessibilité.

Cependant, même dans ce contexte prometteur, la vigilance reste de mise. Car plus la vérification d’identité devient fluide, plus le risque d’intrusion dans la vie privée s’accroît si les garde-fous ne sont pas suffisamment solides. Ce n’est pas seulement la sécurité qui est en jeu, mais aussi la manière dont nos données les plus sensibles sont collectées, stockées, et utilisées.

Entre promesse d’innovation et opacité des usages

Microsoft et Meta avancent tous deux les mêmes justifications : amélioration de la sécurité, simplicité d’utilisation, perfectionnement de l’expérience utilisateur grâce à l’IA. Et de fait, il est indéniable que l’intelligence artificielle couplée à la biométrie permet des avancées spectaculaires. Qu’il s’agisse de protéger un compte contre une tentative de piratage ou de rendre une paire de lunettes capable d’identifier ce qui nous entoure en temps réel, la technologie accomplit des prouesses.

Mais ces prouesses ont un coût. Et ce coût, c’est celui de notre consentement, souvent implicite, rarement éclairé. Car dans la plupart des cas, les utilisateurs n’ont pas le choix. Pour créer un compte Microsoft, l’authentification biométrique devient la norme. Pour utiliser les lunettes Meta, il faut accepter des conditions de collecte de données particulièrement intrusives. Le « consentement » devient une case à cocher, plutôt qu’un acte réellement volontaire.

En outre, ces entreprises s’exonèrent en grande partie de toute transparence. Les informations collectées, les usages exacts qui en sont faits, les durées de conservation ou les modalités de suppression sont rarement claires. Et lorsque les utilisateurs souhaitent s’y opposer, ils se heurtent à des processus fastidieux, techniques, voire impossibles à mettre en œuvre. Supprimer manuellement chaque enregistrement vocal depuis une application n’est pas à la portée de tous.

Vers un encadrement nécessaire de l’identité numérique

Ces évolutions ne sont pas isolées. Elles s’inscrivent dans une dynamique plus large où l’identité numérique devient un enjeu majeur du XXIe siècle. À mesure que nos vies se numérisent, les traces que nous laissons – biométriques, vocales, visuelles – deviennent des matières premières convoitées par les géants du numérique. Or, dans la plupart des pays, les législations peinent à suivre.

L’Union européenne, avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD), fait figure de pionnière en la matière. Elle impose des obligations de transparence, de sécurité et de consentement explicite. Mais même ce cadre est mis à l’épreuve par des technologies toujours plus invasives. Le débat autour de la régulation de l’intelligence artificielle, récemment relancé avec l’AI Act, montre bien que l’équilibre entre innovation et protection des libertés reste fragile.

En parallèle, les voix se multiplient pour appeler à une plus grande souveraineté numérique. Certains experts suggèrent la mise en place d’identifiants numériques gérés par des autorités indépendantes, ou de normes ouvertes permettant aux utilisateurs de mieux contrôler leurs données. D’autres appellent à interdire certaines pratiques, comme la reconnaissance faciale dans l’espace public ou la collecte non consentie d’enregistrements vocaux.

La vigilance comme seule défense… pour l’instant

En attendant une meilleure régulation, les utilisateurs n’ont d’autre choix que de redoubler de vigilance. Lire les conditions d’utilisation, comprendre les implications des technologies adoptées, vérifier les paramètres de confidentialité, limiter les usages de l’IA embarquée… autant de gestes essentiels, mais insuffisants face à la puissance des plateformes.

Car dans cette nouvelle ère numérique, ce n’est plus seulement notre navigation sur Internet qui est tracée. Ce sont nos voix, nos visages, nos gestes, nos environnements – bref, notre vie entière – qui sont capturés, analysés, exploités. Sans cadre clair, sans limites précises, cette collecte permanente pourrait devenir la norme.

Et si demain, notre propre corps devenait le dernier mot de passe à voler ?