Administration électronique : le quotidien derrière les chiffres

Quelques clics, pour gagner des heures. Tel est le résultat espéré de certaines mesures annoncées par François Hollande le 30 octobre, dans son discours sur la simplification – le Président français y a notamment évoqué la dématérialisation des demandes de passeport et des fiches de renseignements des élèves, ainsi que la création d’un site internet permettant à tout citoyen de savoir facilement à quelles aides (allocations familiales, RSI etc.) il a droit.

La démarche dans laquelle s’inscrivent ces mesures doit évidemment être saluée : en ces temps de contraintes budgétaires et d’exigences accrues des individus, moderniser l’administration permet incontestablement de « faire mieux avec moins », c’est-à-dire de générer des économies tout en simplifiant la vie des usagers. Les experts de l’ONU avaient d’ailleurs récompensé, il y a deux mois à peine, les efforts faits par la France sur le sujet: ils l’ont placée en premier rang européen dans leur dernier son rapport sur le développement de l’administration électronique. Il faut dire que plus de 50% des Français paient aujourd’hui leurs impôts en ligne, et plus de 90% passent par le web pour demander un extrait de casier judiciaire par exemple. De très bons résultats à l’échelle du continent.

Ces annonces semblent d’autant plus pertinentes que, malgré le rapport de l’ONU, les Français ont encore du mal, dans leur vie de tous les jours, à percevoir les bénéfices associés à l’émergence d’une administration numérique. Un sondage réalisé début Octobre par OpinionWay révèle en effet que près de 70% d’entre eux considèrent les formalités administratives comme une « contrainte » ou un « parcours du combattant », qu’une majorité essaie de « différer ». Il faut dire qu’ils y consacreraient 1h50 par mois en moyenne – une éternité à l’heure de l’instantané, du Big data et des objets connectés.

Dans ce contexte, n’en doutons pas, permettre aux citoyens d’effectuer des demandes administratives en ligne permettra à ces derniers de mieux apprécier l’intérêt de la politique menée. Surtout si ces demandes peuvent être effectuées « quelle que soit l’heure et l’endroit », c’est à dire sur smartphones et tablettes. Dans le sondage OpinionWay, obtenir des pièces d’état civil en utilisant les supports mobiles est en effet un des services les plus plébiscités par les Français.

Le pourront-t-elles ? Certaines initiatives laissent à penser que les pouvoirs publics ont compris l’intérêt d’exploiter au mieux le potentiel de l’internet mobile : « France Connect » – le dispositif qui doit permettre aux usagers d’avoir un seul identifiant pour tous leurs comptes publics (impôts, sécurité sociales etc.) à partir de 2015 – devrait ainsi être compatible, à terme, avec les smartphones et tablettes. Les usagers de la route devraient aussi avoir la possibilité, prochainement, de régler leurs amendes où qu’ils soient. Surtout, quelques ministères ont déjà pris les devants pour mettre l’internet mobile au service de l’amélioration du quotidien de leurs propres agents, sur le terrain. Le contrat de progrès du Ministère de l’Intérieur notamment, publié en décembre 2013, évoque ainsi, pour ces derniers, des « moyens informatiques et de communication adaptés et sécurisés améliorant leurs conditions de travail et leur confort ». Les forces de police auront-elles bientôt à disposition une application sécurisée sur tablette, qui leur permette, entre autres, d’identifier facilement et immédiatement le conducteur, ses antécédents judiciaires ou l’historique du véhicule à partir d’un simple numéro de plaque d’immatriculation ou d’une identité ? Cela permettrait de réduire drastiquement le temps de traitement d’une arrestation et son coût, d’améliorer le quotidien des agents et rendre ainsi, indirectement, un meilleur service aux citoyens. On y revient… (Par Florian Bienvenu – VP Europe du Sud et Europe centrale de Good Technology).